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    Samuel Wanjiru, un dessein inachevé

     

    Spécialiste des courses de fond, Samuel Wanjiru est mort le 15 Mai dernier en laissant sa carrière sur un goût d’inachevé. Le plus jeune médaillé olympique de l’histoire du marathon est parti alors qu’il aurait pu devenir l’un des ambassadeurs de l’Afrique. Portrait.


    Né à Nyahururu au Kénya en 1986, ce coureur fait partie d’une longue dynastie d’athlètes de très haut niveau en provenance du Kenya. Spécialiste du marathon, il aurait pu être l’un des portes drapeaux du continent africain. Samuel Wanjiru a surtout marqué les esprits pour sa précocité. 

    Un jeune bouscule le monde de l’athlétisme
    Samuel Wanjiru Kamau fait ses débuts en 2002. Alors âgé de 16 ans, il obtient une bourse qui lui permet de poursuivre ses études au Japon dans la Sendai High School. Déjà très attiré par le monde de l’athlétisme, il passe le plus clair de ses années d’études à voyager entre le pays nippon et le Kénya  pour s’entrainer au pied du Mont Kenya.
    Samuel Wanjiru était l’une des plus belles révélations des dernières années dans sa catégorie : le marathon. Durant sa courte carrière, il reçoit tout ce qu’un athlète rêve d’avoir : les honneurs et les trophées. 
    C’est même le plus jeune coureur à remporter les quatre marathons majeurs : Pékin (2008), Londres (2009), Chicago (2009), New York (2010).

    Malgré sa jeunesse, son palmarès est bien rempli : 
    -    Recordman du monde junior du 10 000m en 26 min 41 s 75 lors du meeting de Bruxelles le 26 août 2005
    -    Vainqueur du marathon de Fukuoka en 2007
    -    Vainqueur du marathon de Londres 2009 en 2 h 05 min 10 s (ancien record de l'épreuve)
       Vainqueur du marathon de Chicago 2009 en 2 h 05 min 41 s (actuel record de l'épreuve) puis en 2012 en 2 h 06 min 24 s.
       Record du monde du semi-marathon (58 min 53 s)
       Record olympique du marathon (2 h 6 min 32 s) au J.O de Pékin. (Médaillé d’or)
    -    Vainqueur du marathon de New York en 2010.

    Lors des Jeux Olympiques à Pékin/Beijing, Samuel a 21 ans. Ce jour-là, le 24 août 2008, il domine la course du début jusqu’à la fin. A partir du km 36, Wanjiru est seul. A la fin de son périple et malgré la chaleur et l'humidité pékinoise, le chronomètre affiche « 2 h 6 min 32 sec ».  Il devance deux autres Africains, le Marocain Jaouad Gharib (2h07:16) et l'Ethiopien Tsegaye Kebede (2h10:00). Ce chrono lui permet d’exploser le record olympique qui était alors de 2h 09min 21sec et détenu depuis 1984 par le Portugais Carlos Lopes. Samuel Wanjiru est donc médaillé d’or sur l’épreuve du marathon. C’est historique puisque ce jeune étudiant est le premier kényan à s’emparer de l’or dans cette discipline. C’est aussi le plus jeune athlète de l’histoire à remporter une médaille d’or aux Jeux Olympiques dans l’épreuve du Marathon. Parmi toutes celles qu’il a reçues au cours de sa carrière, cette médaille restera surement sa plus belle récompense.
    Malgré sa carrure d’enfant (1,64 m/52 kg), il se positionnait comme un concurrent plus que sérieux pour battre le record du monde du marathon détenu par l’Ethiopien Haile Gebreselassie : 2 h 03 min 59 sec. Mais la vie en a décidé autrement…

    Ce fameux 15 mai 2011
    Le Kényan, champion olympique en titre, Samuel Wanjiru est décédé cette nuit-là après une chute du deuxième étage à son domicile de Nyahururu. 
    « Il a chuté du balcon de sa chambre à coucher. Nous l'avons retrouvé étendu sur la véranda. Il avait le crâne fracassé et de graves blessures internes », a indiqué un responsable de la police régionale. D’après lui,  « Il est probable qu'il se soit suicidé ». La police kényane rapporte aussi qu’il se serait jeté par la fenêtre parce que son épouse l'avait surpris avec une autre femme. «  Il n'est pas ici pour nous dire à quoi il pensait quand il a sauté mais selon nous, il voulait empêcher sa femme de partir. »  Explique Jasper Ombati  à l'AFP, un policier de Nyahururu qui précise que le champion était mort peu après son évacuation à l'hôpital.

    La famille de l'athlétisme est attristée par cette nouvelle comme le célèbre athlète éthiopien Haile Gebrselassie. Il écrit sur son compte Twitter qu'il est « totalement bouleversé ». 
    « Mes pensées vont à sa famille, ses proches et ses amis. Evidemment, on peut se demander ce que nous, en tant que famille de l'athlétisme, aurions pu faire pour éviter ce drame » raconte le double champion olympique du 10 000 mètres et recordman du monde au marathon.
    Ce n’est pas seulement la chute d’un homme, c’est la chute d’une étoile. Ce 15 mai 2011, l’athlétisme africain perd l’un de ses plus grands espoirs. 

    « J'espère que ses exploits inciteront à prendre le relais là où il l'a laissé... » a réagi le Premier ministre kényan Raila Odinga après sa mort.


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